Le combat de notre vie est celui de notre conversion… nous vous proposons quelques extraits du magnifique ouvrage de Mgr Fulton Sheen, Peace of Soul (1949, McGraw-Hill), qui relate la psychologie de la conversion. nous vous souhaitons le courage pour vous retrouver à la fois captifs et vainqueurs en la Divinité en osant vous désaltérer au calice de Dieu :
Pendant la conversion, l’âme devient le champ de bataille d’une guerre intestine. Le conflit entre le conscient et l’inconscient, entre le Moi et son entourage n’est pas suffisant, car il peut n’être qu’un phénomène psychologique sans signification profonde pour l’âme. (…) La conversion n’est jamais autosuggérée, elle doit survenir grâce à une illumination extérieure. (…) L’âme doit être convaincue qu’elle se trouve entre les mains et au pouvoir d’une Puissance supérieure à la volonté humaine, qu’il existe une Présence devant laquelle l’être est heureux d’avoir fait le bien, et redoute d’avoir péché. Il est relativement de peu d’importance que cette crise, résultant d’un sentiment de dualité, soit soudaine ou graduelle. Ce qui importe, c’est la lutte entre l’âme et Dieu, ce Dieu tout-puissant et qui pourtant ne cherche jamais à anéantir la liberté de sa créature.
Au cours de la lutte, l’homme a l’impression d’être poursuivi par Quelqu’un qui ne le laisse pas en repos : « la Meute du ciel », comme dit Thompson. Le drame, c’est que l’homme en proie à cette angoisse s’attache souvent à la dissiper, au lieu de se laisser conduire par elle et de s’apercevoir enfin qu’elle est la Grâce agissant sur son âme. Car la Voix de Dieu perturbe l’âme afin de la pousser plus avant sur le chemin du salut. Elle l’embarrasse en lui montrant la Vérité et en arrachant tous les masques et les voiles de l’hypocrisie ; et la console aussi, en la réconciliant avec elle-même, avec les hommes et avec Dieu. C’est à l’homme de choisir, de se soumettre ou d’être sourd à la voix qu’il entend. (…)
Dans cet état de crise l’homme est conscient d’être le terrain où s’affrontent deux grandes puissances. Quant à son âme, elle oscille d’un pôle à l’autre : un murmure la sollicite vers les hauts sommets, tandis qu’une voix forte l’attire vers le bas. Elle hésite entre la crainte de ce que peut réserver l’avenir et l’effroi de continuer à vivre comme dans le présent. L’esprit exige d’elle qu’elle rompe avec ses anciennes habitudes, mais la chair renonce malaisément à ses chaînes. Lorsque le courant de la frustration intérieure et celui de la Miséricorde Divine se rencontrent, l’âme réalise que Dieu seul peut lui apporter ce qui lui manque, et la crise atteint le point crucial où un choix s’impose. La crise elle-même peut revêtir des milliers de formes, selon que l’âme est pure ou impure. Mais, dans tous les cas, elle est un signe que l’âme reconnaît son impuissance à surmonter seule ses conflits et ses frustrations. (…)
Il y a aujourd’hui dans le monde toute une armée d’âmes vertueuses qui n’ont pas encore atteint le point culminant de leur crise ; tout assoiffés qu’ils soient, ils n’osent pas encore venir se désaltérer au calice de Dieu. Ils ont froid, mais ils craignent de s’approcher de Lui, de peur que Ses Flammes ne les purifient en les illuminant ; ils suffoquent dans le sépulcre de leur médiocrité, mais ils craignent que leur Résurrection ne porte, comme celle du Seigneur, les cicatrices de la lutte. Ils sont nombreux qui voudraient tendre un doigt vers Notre-Seigneur, et reculent de peur qu’Il ne saisisse leur main tout entière et n’afflige leur cœur. Mais ceux-là ne sont pas éloignés du Royaume. Déjà ils en ressentent le désir. Ils n’ont besoin que de courage pour dépasser la crise et par une apparente abdication, se retrouver à la fois captifs et vainqueurs en la Divinité. (…)
En conclusion, disons que ce conflit entre la chair et l’esprit, entre la tyrannie de la vie temporelle et l’appel de l’éternité, entre l’amour du plaisir égoïste et le désir de paix spirituelle, nulle âme n’en est exempte. Mais si les êtres ne viennent pas à Dieu plus nombreux, c’est que leur amour pour Lui manque d’urgence et qu’ils ont réservé leurs forces à la satisfaction des désirs inférieurs. Quoi qu’ils fassent, cependant, ils ne pourront jamais lui échapper.
Toute âme frustrée souffre uniquement de ce qu’elle a refusé d’entendre l’appel de la Divinité. « Il est vain de Le fuir, car Il est partout, Il paraît être votre ennemi, et Il est votre citadelle, Il semble vous frapper, et Lui seul peut vous guérir. »
Continuerez-vous à fuir jusqu’à ce qu’il soit trop tard ? Mourrez-vous avant que meurent vos péchés ? Ou consentirez-vous à désirer Dieu avant que vos passions ne soient toutes épuisées ? Pourquoi ne pas remettre dès maintenant vos âmes souillées entre Ses Mains Purificatrices ? Il est notre seule Voie, si nous le fuyons nous sommes perdus ; Il est notre seule Lumière, si nous le cachons, nous devenons aveugles. Il est notre Vie, si nous le quittons, nous mourrons. Est-ce parce que nous craignons que les cendres de notre passé ne nous étouffent à jamais ? Ou parce que nous n’avons rien à donner et que toutes nos années de vie se sont vainement écoulées ?
Qu’importe ! Si nous ne pouvons pas Lui offrir notre vertu, offrons-Lui du moins notre péché.
Vous tous qui êtes abattus et déprimés, sachez qu’Il ne vous a mis si bas que pour inspirer le désir de sa grandeur.